L'affaire Markovic ---- Le Naour et Cassier

Juin 1968. Pendant son absence, Alain Delon avait prêté son logement parisien à Stefan Markovic, l’homme qu’il employait comme garde du corps et pour de menues besognes mais ce dernier ne pensant qu’à faire la fête avec des jeunes femmes et à se droguer, l’acteur le vire du lieu et en même temps le licencie. Au même moment, la France se remet tant bien que mal des évènements de mai, qui ont été gérés par Georges Pompidou, le premier ministre, pendant le président de la République, le général de Gaulle, s’était éloigné de la capitale et de l’Elysée. Mais au grand étonnement de Pompidou qui avait présenté sa démission à l’issue, démission qui avait été refusée par de Gaulle, le président nomme pourtant un nouveau premier ministre. Mais les ennuis ne font que commencer pour Georges Pompidou car, après la découverte du corps de Markovic qui a laissé une lettre accusant Alain Delon et un membre de la pègre de sa mort, le couple Pompidou va se retrouver mêler dans des affaires troubles et sordides …

Je n’avais aucune idée de ce qu’était cette affaire Markovic car j’étais trop jeune pour m’intéresser aux infos à cette époque et je n’ai aucun souvenir d’en avoir entendu parler plus tard. Je craignais un peu de me retrouver à nouveau plongée dans une histoire complètement oubliée et qui avait surtout touché certains cercles, comme avec Le ministre et la Joconde ! En regardant la couverture, on a déjà une idée d’un certain nombre de personnages impliqués dans le récit et si ceux-ci sont plutôt ressemblants, quand on ouvre l’album, ce n’est plus vraiment le cas. Hormis Pompidou et de Gaulle, j’ai trouvé très difficile de reconnaitre les gens connus mis en scène au fil des pages. Heureusement qu’ils sont nommés parce que sinon, je serais passée totalement à côté (il faut vraiment faire beaucoup d’effort pour identifier Alain Delon, Romy Schneider, Jacques Chirac, pour ne citer que les plus connus). Mais à part ce défaut (pas vraiment négligeable non plus), le graphisme est plutôt sympa et agréable. Avec le choix des couleurs plutôt neutres, on a souvent la sensation de regarder du noir et blanc alors qu’il y a du rouge, du jaune, du vert, du bleu … pour être sûre que ce n’était pas du noir et blanc, il a même fallu que je vérifie tellement je n'étais pas sûre de moi ! Le trait est assez appuyé mais ce n’est pas étouffant ni trop grossier. C’est surtout l’histoire qui m’a le plus plu. En partant d’un fait qui aurait pu être rangé dans les faits divers avec le meurtre d’un petit gangster sans envergure, surtout playboy et revendeur occasionnel de drogues en soirée, on se retrouve plongé dans une affaire politique mêlant magouilles, vengeance, règlements de comptes et complot. Certains hommes de pouvoir ne sont pas à leur avantage, quelques-uns ayant été carrément oubliés par la majorité des gens, d’autres plus marquants mais vraiment pas très glorieux dans cette histoire. On voit aussi l’influence de la presse de l’époque mais étrangement, quasiment aucune mention n’est faite de la télévision, qui, bien que présente dans un nombre limité de foyers, était pourtant présente. Je ne sais pas si les faits se sont surtout retrouvés dans la presse nationale mais si c’est le cas, cela a eu forcément moins d’impact dans la population car beaucoup de personnes lisaient la presse régionale et que les évènements parisiens (même s’ils touchaient la France entière) étaient moins détaillés que maintenant, alors qu’on a un accès illimité à l’information. Comme je ne connaissais rien à cette histoire, je n’avais donc aucune idée de la fin, même si le destin de certains hommes politiques étaient évidemment connus. J’ai lu l’album comme une histoire policière sur fond sociétal et politique et j’ai trouvé l’ensemble intéressant et prenant. Mon seul bémol restera donc le dessin trop peu ressemblant des personnages alors que le reste du graphisme me plaisait pourtant bien !