La page blanche ---- Boulet et Pénélope Bagieu
Une jeune femme, assise sur un banc dans Paris, se demande ce qu'elle fait là. Elle n'a aucun souvenir d'être arrivée là, ni de qui elle est, même si elle se rappelle certaines choses, comme les stations de métro ou des choses plus triviales comme certains noms d'acteurs ou titres de films ou de romans. En fouillant dans son sac, elle retrouve sa carte d'identité, découvre qu'elle s'appelle Eloïse et peut enfin retourner chez elle vu qu'elle a l'adresse de son appartement. Mais arrivée sur place, rien ne lui rappelle des souvenirs et elle n'est pas plus avancée qu'au départ car elle se sent comme une intruse …
Je n'avais pas été très convaincue par les précédents albums de Pénélope Bagieu hormis son tout premier mais j'étais néanmoins prête à retenter l'aventure avec cet album dont l'histoire avait quelque chose d'intrigant. Et puis, dans le cas de cet album, Boulet se colle au scénario donc je me doutais qu'on n'allait pas retrouver encore des histoires habituelles de filles (même si je n'ai jamais rien lu de Boulet !). Pourtant, l'héroïne est bel et bien une jeune femme pas encore trentenaire (mais sûrement pas très loin) car il me semble que c'est dans ce genre de représentation que Pénélope Bagieu se sent la plus à l'aise. Et puis, je trouve que le choix d'une héroïne se prête bien à l'histoire (un homme aurait sûrement réagi de façon totalement différente, d'une façon qui se prêterait moins bien à la narration). Cette jeune femme sans passé, sans souvenir, a quelque chose d'attendrissant et de vulnérable, même si elle ne se laisse jamais aller à l'abattement et qu'elle fait tout pour essayer de déclencher un retour de ses souvenirs. Il y a quelques moments savoureux, quand les clients de la librairie viennent demander des titres, quelques moments émouvants vers la fin (là, je ne vous en parle pas pour conserver le suspense !) et beaucoup de pudeur et de subtilité pour aborder cette histoire que je vois plus comme une fable dénonçant les travers de notre société. J'ai trouvé que le dessin de Pénélope Bagieu se prêtait merveilleusement bien à l'ensemble, avec son côté assez épuré mais qui ne néglige pourtant pas les détails. Le jeu des couleurs anime l'histoire, créant des ambiances différentes en fonction des périodes et de l'état d'esprit de l'héroïne. Il y a aussi quelques planches originales, comme la vue aérienne des affaires d'Eloïse dans son appartement. Ah oui, et puis, il y a aussi un chat ! Autant dire qu'il y avait tous les ingrédients pour me charmer et me faire passer un très bon moment de lecture !
Les avis de George, Alfie, Kikine, Enna, Géraldine, Mango, Leiloona, Antigone, Saxaoul ...