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2 novembre 2022

Une case en moins : la dépression, Michel-Ange et moi ---- Ellen Forney

UnecaseenmoinsA trente ans, Ellen s’est toujours sentie un peu différente des autres : même avec un sommeil perturbé et une perte de poids importante, elle se sent pleine d’énergie et a de nombreux projets. Pour concrétiser son être intérieur et ses sentiments, elle se fait même tatouer mais peu de temps après, sa thérapeute, qui la suite depuis un certain temps, la dirige vers une psychiatre et celle-ci apprend à Ellen qu’elle souffre de troubles bipolaires. La jeune femme n’arrive pas vraiment à y croire, même si sa mère souffre de cette même maladie et elle attribue ses périodes d’intense activité à son travail d’artiste. Mais la réalité va s’imposer et Ellen va enchainer des périodes euphoriques créatrices avec des longs moments de dépression où elle a du mal à vivre normalement. Le seul traitement possible passe par des médicaments dont il faut constamment tester et ajuster les doses et des séances de thérapie mais Ellen a peur que cela impacte son travail  …

Il me semble qu’on subit tous des hauts et des bas dans nos rythmes de vie mais la bipolarité est comme une énorme et incontrôlable amplification de ces états et il est assez fréquent de connaître au moins une personne dans son entourage (familial, amical ou de travail) qui en souffre. C’est d’ailleurs difficile de comprendre ce que ces personnes ressentent, de la même façon que les gens souffrant de dépression ont du mal à exprimer leur ressenti par rapport à ceux qui ne subissent pas ces troubles. Je trouve que la BD (ici, on peut plus parler de roman graphique) se prête bien à l’explication car les dessins peuvent faire passer des ressentis mille fois mieux que des mots. J’avais déjà lu Journal d’une bipolaire et Le perroquet sur le sujet mais c’était des albums français et j’étais curieuse de voir comment cette maladie était abordée outre-Atlantique. L’auteure présente sa vie comme sous la forme d’un journal intime partagé : elle y raconte la découverte de sa maladie, sa vie avant le diagnostic, ses recherches à ce sujet (et donc on apprend aussi beaucoup de choses sur l’histoire de ces troubles et des artistes qui en étaient atteints), ses différents traitements médicamenteux (et effrayants par la complexité d’avoir des résultats adéquats sans trop d’effets secondaires), ses relations avec ses amis et sa famille, son travail d’artiste (qui l’a beaucoup aidée), ses moments de création et ses périodes sombres, voire très sombres. Elle ne cache rien, parle avec franchise et sans filtre. C’est à la fois intime, didactique, introspectif (car je pense que cet album a du aussi lui permettre de mieux se comprendre, comme une thérapie pourrait le faire) et passionnant car en tant que lecteur, on est plongé au cœur de son ressenti à travers des dessins qu’elle a fait à certains moments difficiles et qui tranchent avec le reste du style graphique de l’album, au trait simple et bien marqué et des contrastes noir et blanc bien francs (alors que ses dessins de crise sont plus brouillons, souvent avec des traits plus fins mais toujours très puissants émotionnellement). Même si je savais que c’était une maladie compliquée à maitriser, j’étais loin d’imaginer le parcours du combattant qu’Ellen a suivi courageusement. Une lecture exigeante qui, en plus de faire comprendre ces troubles à ceux qui n’en souffrent pas, peut aussi aider ceux qui en sont atteints donc une lecture utile à tous les niveaux !

L'avis de Mo.

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