Les oubliés de Prémontré ---- Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek

Août 1914. Un jeune homme, Clément, se présente à l’asile de Prémontré, près de Soissons pour être embauché comme gardien dans l’aile des aliénés les plus calmes. Mais le conducteur de l’asile étant mobilisé suite à la déclaration de guerre, il se retrouve à conduire l’ambulance pour aller récupérer les personnes déclarées folles dans la région. A part que la guerre se rapproche dangereusement : après un passage éclair de l’armée française qui annonce l’arrivée prochaine des troupes prussiennes, le directeur et le médecin de l’asile font leurs bagages et fuient les lieux, laissant l’économe et Clément en charge de l’asile, aidés par les sœurs s’occupant du quartier des femmes. Peu de temps après, le colonel Von Stauffenberg et ses hommes s’installent à Prémontré, consommant les faibles réserves de l’asile …

Cela faisait des mois que cet album trainait dans ma PAL et il était temps que je m’y attaque. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu une BD historique se déroulant avant la seconde guerre mondiale et j’essaie parfois de varier un peu les sujets que j’aborde, histoire de ne pas me lasser (mais j’avoue que je n’y pense pas toujours !). Je retrouve là le duo Pendanx-Piatzszek découvert avec Tsunami et Le maitre des crocodiles et le style graphique qui m’avait déjà tellement plu. J’aime beaucoup ces aquarelles sans contours marqués, ces couleurs douces et lumineuses et ces personnages bien typés. Par rapport aux précédents albums, la nature est moins présente car l'histoire se concentre sur l’humain mais les vignettes des scènes de villages détruits sont très réussies et les décors sont toujours soignés. Si j’avais été parfois perplexe à propos du récit lors des deux précédents albums, je n’ai eu aucun problème avec la lecture de celui-ci. Pas de touche de fantastique mais un mystère qui se déroule au fil des pages et un contexte historique intéressant dans un milieu qu’on a tendance à oublier en cas de conflit : que faire des personnes à l’esprit défaillant quand un conflit arrive ? On voit aussi la difficulté d’être dans une zone de guerre où diverses troupes pillent les ressources des lieux, laissant les habitants démunis. L’ensemble est cohérent, s’appuie sur un lieu existant (l’abbaye de Prémontré héberge bien un établissement de santé mentale) et le récit apparaît donc comme crédible, ce qui permet d’autant plus de faire réfléchir au sujet. J’ai donc trouvé l’idée originale, les fous de cette époque étant souvent enfermés plutôt que soignés et donc facilement oubliés, et si des romans ont été écrits depuis quelques années à ce sujet, les BD n’avaient pas beaucoup abordé ce thème. Avec ce titre, c’est donc fait et brillamment en plus !

Les avis de Meséchappéeslivresques, Brize.