Sermilik, là où naissent les glaces ---- Simon Hureau

Dans les années 1980, Max s’apprête à entrer à l’Ecole du service de santé des Armées pour devenir médecin, même s’il n’est pas vraiment convaincu que ce métier lui conviendra. Mais en feuilletant un livre sur les chasseurs arctiques du Groenland, il réalise que c’est exactement ça qu’il veut faire. Il part alors s’installer à Tiniteqilaaq, un petit village de 80 habitants de la côte est de cette province danoise, où il va devoir tout apprendre de la vie locale, à commencer par la langue …

J’ai tout de suite reconnu le dessin de Simon Hureau, reconnaissable à ses personnages qui paraissent simples mais sont très réalistes et expressifs et à ses superbes décors. Ici, les couleurs froides sont mises à l’honneur compte tenu de la nature omniprésente, avec la mer, les glaces et le ciel et les touches plus soutenues, plus foncées, se retrouvent souvent dans la vie du village et ses habitants. J’ai trouvé qu’on était vraiment bien plongé dans l’atmosphère froide et sereine de cette région encore sauvage (mais de moins en moins) et que l’ensemble était vraiment très réussi visuellement et très agréable à savourer des yeux. Le récit, qui raconte la vie de Max, est tout aussi passionnant et étonnant. Simon Hureau est allé vivre quelque temps à ses côtés au Groenland et on sent bien que le courant est passé entre eux et que l’auteur a tout à fait compris les raisons de Max et son amour pour cet endroit si particulier. On découvre la dureté de la vie quotidienne, les dangers omniprésents, la gentillesse des habitants, leurs traditions qui s’effacent peu à peu, les ravages de la vie moderne qui s’invite dans cette société jusque-là épargnée (et je pense plus particulièrement à l’alcool). Cela m’a rappelé l’excellent roman ímaqa de Flemming Jensen où c’est un Danois qui vient s’installer comme instituteur au Groenland ... d’ailleurs, en plus d’avoir été chasseur et pêcheur arctique, Max a fini par devenir instituteur ! J’ai trouvé cette lecture plus qu’intéressante : elle est humaine, nous apprend plein de choses mais elle fait aussi réfléchir sur le changement de nos sociétés, avec leurs bons et leurs mauvais côtés et la disparition des traditions et de la nature sauvage.